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25 ans et toutes ses dents
27 juin 2009

L'insoutenable légerèté d'une légende

Amis lecteur, je ne vous apprendrai certainement rien en vous disant que Michael Jackson est mort. A l'annonce de sa disparition, je n'ai pu m'empêcher de me remémorer quelques souvenirs, comme sans doute des centaines de milliers de personnes.
En regardant de nouveau ses clips, je viens de remarquer quelque chose. Michael Jackson, lorsqu'il dansait, était presque toujours sur la pointe des pieds, les genoux pliés. Son style reposait entièrement sur les chevilles et les genoux. C'était sans doute ça qui donnait une telle impression de légèreté. Il pouvait garder le haut du corps immobile tandis que ses jambes et ses pieds bougeaient à toute allure sans qu'on sache vraiment s'ils touchaient encore le sol. Le principe du fameux 'moonwalk', d'ailleurs, est bête comme chou : vous mettez un pied sur la pointe et vous bougez l'autre à reculons et ainsi de suite.
Sur la pointe des pieds, les genoux fléchis, comme dans le doute, comme pour s'enfouir au moindre danger. Insaisissable petit oiseau. Michael Jackson dansait sur la pointe des pieds comme par pudeur, comme s'il voulait quitter ou être le moins possible en contact avec ce sol si dur et si froid qui le renvoyait à lui-même, à son existence. Il faut se méfier des apparences, des évidences, des déclarations. Arraché à l'enfance, Michael Jackson n'était jamais devenu adulte ; il était devenu comme Peter Pan, à fuir la réalité, à rechercher le degré le plus ultime de la légérèté.
Je crois que les célèbrités qui deviennent des idoles voient peu à peu naître sous leurs yeux un être phantasmagorique qui leur ressemble étrangement. Ce dernier, nourri par l'admiration, l'adulation, la jalousie, la rancoeur, grandit, devient immense, franchit des montagnes, traverse des océans. A mesure qu'il grandit, son ombre croît et finit par recouvrir et engloutir entièrement la célèbrité qui est à son origine. Ce monstre s'appelle une légende. Elle avale la réalité, la transforme, l'idéalise. Je pense que Michael Jackson avait depuis longtemps disparu derrière sa légende. C'était un fantôme qu'on voyait sur les écrans de télévision mais c'est une légende que les centaines de milliers de gens, comme moi, voyaient au fond de leur coeur et de leurs souvenirs. Une légende peut s'envoler, fuir le monde, marcher sur la Lune, rester toujours la même ; un homme porte sur lui les stigmates de la souffrance, des épreuves, des fautes, des crimes qu'il a commis, envieux de l'insoutenable légèreté qu'il ne pourra jamais atteindre, de ce monde éthéré, apaisé, qui lui est inaccessible. Michael Jackson est mort ; j'espère que l'homme à enfin réussi à voler.

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